Ce vendredi 29 août 2024, le festival Ngoma a pris une tournure poignante à Kisangani, dans l’espace culturel Ngoma. Devant un public captivé, le duo de slam originaire de Bujumbura, “Révolution 2”, a plongé les spectateurs dans une réflexion profonde sur la souffrance endurée par le peuple et la complicité qui en découle.
Le spectacle a débuté par une évocation émotive de la perte d’un être cher, révélant un profond mépris pour l’absence de ceux que l’on aime. À travers un enchaînement de rimes et de vers puissants, le slameur a affirmé son indépendance face aux possessions matérielles, déclarant écrire sans encre et marcher sans pieds. Son homologue, accompagnée d’une guitare mélodieuse, a exprimé l’ambition d’une fille née en pleine guerre, désireuse de changer le monde malgré les préjugés qui l’entourent.
Le duo a ensuite dénoncé l’hypocrisie des défenseurs des droits de l’homme, qui se révèlent souvent être les premiers à les violer. Ils ont mis en lumière les grandes puissances mondiales, accusées de semer la terreur et de récompenser ceux qui exploitent les plus vulnérables. C’est un véritable cri de révolution qui a résonné dans la salle.
La scène a illustré l’inertie du monde face aux atrocités subies par les femmes, notamment une jeune Burundaise, victime de violences, frappée sous les yeux d’une humanité indifférente. Le duo a porté des masques symboliques : l’un représentant la jeunesse, curieuse des réalités du passé, tandis que l’autre, jouant le rôle d’un sage, lui a conseillé de se forger son propre chemin sans attendre des faveurs du monde.
La performance a pris une tournure de plaidoirie contre l’incompétence des structures étatiques. Le slameur, endossant le rôle de l’accusé, a dénoncé les injustices que subit le peuple face à une gouvernance vicieuse. Le dialogue entre le peuple et le pouvoir s’est intensifié : d’un côté, des plaintes sur les souffrances vécues ; de l’autre, des accusations pointant du doigt le peuple comme l’architecte des monstres qu’il déplore.
La scène s’est achevée sur une note sombre, évoquant les rêves perdus après la guerre. Les mots ont peint un tableau tragique : le sang, les souvenirs douloureux et les désillusions amputent les ailes de ceux qui aspiraient à s’élever vers leurs ambitions.
Norbert Masudi Katembo