Sous une pluie battante, l’atmosphère festive persiste dans la salle de l’espace culturel Ngoma, ce mercredi 28 août 2024, à l’occasion de la 14ème édition du festival Ngoma. La pièce « Purgatoire », écrite et interprétée par Sonville Monkwe, a ouvert la soirée avec une intensité poignante.
Le comédien, prisonnier de son état, implore sa libération tout en faisant face à la dure réalité de la mort qui plane sur lui. Son personnage, Johnny, est incarcéré pour crime de guerre, bien qu’il clame son innocence. À travers ses larmes, il partage avec le public les épisodes tragiques qui l’ont conduit derrière les barreaux.
Johnny raconte son parcours, errant sur un sentier sans savoir combien de kilomètres il lui restait à parcourir. En pleine jungle, une voix lui ordonne de s’arrêter : c’est un groupe armé qui opère dans la région. Écrasé par la peur, il ne peut faire marche arrière, car il doit atteindre le chemin de fer. Son destin est désormais entre les mains des hommes armés.
Le comédien évoque son licenciement, regrettant d’avoir consacré tant d’années à des études qui ne lui ont finalement pas servi. Au chômage, il accepte une offre d’un ami, Bob, pour récupérer un colis de 12 kilos. Ensemble, ils parcourent 11 heures en véhicule et marchent 65 kilomètres. À leur arrivée, ils sont attaqués par des hommes armés. Après avoir prétendu être envoyés par une autorité, ils sont conduits auprès d’un hôte qui leur remet le colis.
Sur le chemin du retour, ils tombent dans une embuscade. Un groupe les prend en chasse. Johnny s’agenouille par peur. Son ami Bob est abattu sous les questions des assaillants concernant des diamants. Avant même qu’on ne lui demande, Johnny leur remet son colis.
Capturé et emmené dans une carrière, il se retrouve dans un cachot rempli de cadavres. Le chef du groupe armé, surnommé Bwana, leur propose de rejoindre sa troupe pour éviter l’exécution. Il leur assure qu’il n’est pas aussi cruel que les autorités qui exploitent le peuple.
Forcés de se joindre à lui, Johnny et ses compagnons réalisent qu’ils n’ont pas besoin d’armes à feu pour semer la terreur parmi les civils. Le comédien décrit ce moment comme un tournant dans sa vie, où il a été contraint de faire des choses qu’il n’aurait jamais imaginées. Après plusieurs massacres, deux hélicoptères viennent les approvisionner en armes et en vivres, et leur vie de violence se poursuit.
Une nuit avant d’attaquer la capitale, ils sont à nouveau confrontés à l’armée. C’est à ce moment-là que Johnny est arrêté une fois de plus. Ainsi, il se retrouve dans une geôle, non pas dans l’espoir d’être libéré, mais avec la certitude que sa vie est désormais marquée par la douleur et le désespoir.
À travers « Purgatoire », Sonville Monkwe nous plonge dans un récit bouleversant qui interroge les notions de culpabilité, de survie et de rédemption au sein d’un système où l’humanité semble avoir disparu.
Norbert Masudi Katembo